Nigéria
Le leader indépendantiste pro-Biafra Nnamdi Kanu, introuvable depuis un mois, était absent à l’ouverture de son procès pour trahison et atteinte à la sécurité de l’Etat, qui a été ajourné mardi à Abuja, la capitale du Nigeria.
Dès le début de l’audience, la juge Binta Murtala Nyako a demandé à la défense : “Où est le principal inculpé ?”
“Je ne sais pas où est mon client, la maison du principal inculpé a été envahie par des soldats et depuis ce jour-là, je n’ai pas eu de nouvelles de lui”, a répliqué Me Ifeanyi Ejiofor. “Je ne peux pas dire, votre honneur, si le premier inculpé est mort ou vivant”.
Le tribunal a ajourné le procès au 20 novembre, menaçant les trois personnalités – dont un sénateur – s‘étant portées garants pour la libération de Kanu de saisir leur caution, d’un montant 300 millions de nairas (710.000 euros).
Le chef du Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB) réclame la sécession de cette région du sud-est à majorité igbo qui a été le théâtre d’une guerre civile pour l’indépendance ayant fait plus d’un million de morts entre 1967 et 1970, principalement de maladies et de famine.
Il a disparu depuis le 14 septembre, lorsque sa maison à Umuahia (sud-est), a été attaquée par l’armée, selon sa famille, qui accuse l’armée de le détenir en secret. L’armée a démenti ces accusations.
En attendant le début de son procès à Abuja, il se trouvait en liberté provisoire depuis sa libération en avril dernier après 18 mois de détention.
Kanu, qui dirigeait Radio Biafra basée à Londres, avait été incarcéré en octobre 2015 après des violences entre partisans de l’IPOB et forces de l’ordre.
‘Désobéissance civile’
D’innombrables rumeurs ont circulé ces dernières semaines sur l’endroit où Nnamdi Kanu pourrait se trouver. Son frère cadet, Prince Emmanuel Kanu, a affirmé à l’AFP que des dizaines de soldats avaient encerclé leur cour familiale le 14 septembre et tiré des “rafales”, tuant “28 personnes”. Ces affirmations n’ont pu être vérifiées de source indépendante.
L’IPOB a été déclarée “organisation terroriste” mi-septembre, dans un contexte d’affrontements sanglants entre forces de l’ordre et indépendantistes, accusés d’avoir attaqué des postes de contrôles militaires à Umuahia, Aba (Etat d’Abia) et dans la ville pétrolière de Port Harcourt (Etat de Rivers).
Ces violences, accompagnées d’un couvre-feu ont eu lieu au moment où l’armée déployait massivement des troupes dans la région, officiellement dans le cadre de l’opération Python Dance, destinée à lutter contre la criminalité. L’IPOB dénonce toutefois une répression sanglante ciblée et maintient que ses militants n‘étaient pas armés.
Les juges qui avaient accordé sa libération sous caution lui avaient interdit de parler aux médias ou de participer à des rassemblements de 10 personnes. Mais depuis sa sortie de prison, il n’avait cessé d’haranguer les foules et de donner des interviews dans la presse locale et internationale, jusqu‘à sa disparition.
Lors d’un entretien avec l’AFP en mai, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la déclaration d’indépendance du Biafra, il avait affirmé être “plus déterminé que jamais”.
Il avait également appelé à la “désobéissance civile” et au “boycott” de toutes les élections à venir jusqu‘à l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Après la mort de plus d’un million de personnes et l‘échec d’une rébellion à bout de souffle, le Biafra avait fini par réintégrer en 1970 le Nigeria, mosaïque ethnique et religieuse de près de 200 millions d’habitants régulièrement secouée par des tensions intercommunautaires.
Mais un demi-siècle après la guerre, le sentiment d’exclusion de la population igbo reste très présent et le leader charismatique capitalise sur ces frustrations.
AFP
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